Ils s’appelaient Jules et Thérèse Alexander, Achille et Elvire Bauer, Léon, Sara, Fredy et Germaine Cosman Cahen. Ils étaient nés à Sélestat, ou étaient le mari, la femme, l’enfant d’un(e) Sélestadien(ne). Ils sont morts en Pologne, à Auschwitz, ou à Sobibor, parce qu’ils n’avaient qu’un tort : être « de race juive », tel que le nazisme l’avait théorisé. Hommage leur sera bientôt rendu.
En début d’année scolaire, la commune de Sélestat a décidé de rendre hommage aux Sélestadiens morts par la barbarie nazie. Handicapés, homosexuels, tziganes, juifs, opposants politiques… Nombreux furent ceux qui, parce qu’ils étaient considérés comme indésirables par les nazis, furent exterminés entre 1933 et 1945.
L’historien Christophe Woehrlé, en travaillant dans les archives, a retrouvé la trace d’un certain nombre de victimes liées à Sélestat, et pour lesquels des Stolpersteine seront posés dans les rues sélestadiennes. Ces « pierres d’achoppement » qui fleurissent dans de nombreuses communes, particulièrement en Alsace, sont des pavés encastrés dans la voirie et qui ont pour but de nous rappeler la mémoire de ceux que les nazis ont voulu faire oublier à tout jamais. Ils sont posés en un lieu important de la vie de ces victimes, le plus souvent leur résidence.
16 victimes ont été retenues pour cette année, souvent des personnes juives, qui ont subi le génocide que l’on appelle Shoah en hébreu. Le rôle de la jeunesse est essentiel pour commémorer le passé ; aussi, le conseil municipal des jeunes de Sélestat, le collège Mentel et le collège Beatus Rhenanus ont été associés à ces victimes.
Encadrés par leur enseignant d’histoire géographie M. Pennerath, leurs professeurs de français Mmes Bertaux, Fischer et Offenstein, ainsi que la professeure documentaliste Mme Genin, les élèves de 3ème ont pris connaissance de ces personnes et de leur vie. Après un travail sur des documents d’archives, ils ont rédigé un discours en leur hommage, qui sera lu lors de la cérémonie de pose le lundi 30 mai au matin. Ainsi, l’espace de quelques minutes, cela sera l’occasion de se rappeler, de rendre hommage, de faire vivre le devoir de mémoire.
Parallèlement, les élèves ont également préparé avec l’aide de Mme Britsch, professeure d’arts plastiques, une exposition qui sera visible à la salle Sainte-Barbe le même jour.
Ce projet a permis aux élèves de vivre très concrètement les parcours de quelques Sélestadiens déportés : leur vie d’avant, souvent mal connue ; leur arrestation, leur déportation, leur extermination. Les élèves leur rendront hommage au 1 rue des Bateliers à 9h20 (famille Cosman Cahen par les 3e3), 10 rue de la Jauge à 10h50 (famille Bauer par les 3e2), 8 rue des Clés à 11h (famille Alexander par les 3e1).
Elèves, parents, Sélestadiens… Tous seront les bienvenus pour assister à ce moment fort. Pour ne jamais oublier. Un prochain article viendra illustrer ce moment fort. Les portes ouvertes du collège, le samedi 18 juin, seront aussi un moyen de revivre ce jour si particulier à travers les oeuvres et les discours des élèves qui seront alors visibles.